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Isra Alonso - Fondateur du "Día de Muertos" dans les Marolles

  • hogarbrussels
  • 22 oct.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 oct.

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Alors que les jours raccourcissent et que les feuilles tapissent les trottoirs, on commence déjà à entendre résonner les premières notes de All I Want for Christmas. Mais avant de plonger dans la frénésie des fêtes de fin d’année, Bruxelles s’apprête à célébrer une tradition d’un tout autre genre : le Día de Muertos, un hommage mexicain aux morts, aujourd’hui bien ancrée dans la capitale. Depuis quelques années, les initiatives se multiplient, portées par une communauté mexicaine de plus en plus visible, dynamique et soudée.


Dans le quartier des Marolles, le Día de Muertos est devenu presque une tradition locale. Depuis 2018, le Centre Culturel Bruegel accueille un autel aux morts, des activités artistiques, et surtout une grande procession sur la place du Jeu de Belle. Le temps d'une semaine, un parfum de cempasúchil, ces fleurs orange éclatantes typiques des festivités, flotte dans l'air. Une initiative qui a germé dans le cerveau d'Isra Alonso, créateur de Dia de Muertos Marolles, que nous rencontrons pour l'occasion. 


L’histoire commence peu avant 2018. Isra, guitariste et saxophoniste, et Célia, réalisatrice proposent au Centre culturel Bruegel d’organiser un Día de Muertos à la bruxelloise. Le lieu, il le connaît bien : en 2016, alors qu’il est encore mariachi, il y joue lors de son inauguration. Un an plus tard, quand un tremblement de terre ravage le Mexique, il y organise des concerts solidaires. Dans la même rue, un magasin d’inspiration mexicaine, Calaveras, s’installe. Peu à peu, la rue des Renards prend des airs de Little Mexico.


Alors pourquoi pas y organiser la fête populaire la plus emblématique du pays? Au programme de cette première édition: une exposition, quelques concerts et ateliers rassemblés sur deux jours. Dès la première édition, une procession est incluse dans le programme. Une idée qui deviendra la marque de fabrique du festival.


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Une célébration de la diversité bruxelloise


Dès le début, Isra imagine un Día de Muertos profondément bruxellois. « J'ai voulu inscrire le festival dans cette ville, qui est extrêmement multiculturelle, l'une des plus cosmopolites au monde. » Et dans ce sens, Isra entend réunir autour de cette tradition mexicaine un panel plus élargi de cultures. « Dès 2018, il y avait déjà une cohabitation multiculturelle au sein de l'événement. Par exemple, il y avait des musiciens marocains et une fanfare composée de percussions marocaines, avec des instruments à vent, des trompettes et des saxophones belges. Je leur ai fait jouer de la musique mexicaine, c'était très curieux».


Derrière ce principe, l'organisateur entend faire de l'évenement un moment de réflexion sur la place de la mort dans nos sociétés. « La richesse de Bruxelles réside justement dans le fait de faire se croiser toutes ces cultures. Même si mon dada c'est la musique mexicaine, je n'ai jamais voulu transposer une fête mexicaine hors de son contexte, je pense que ce n'est pas possible. Dès le début, l'un des objectifs était de rassembler toutes les cultures. La mort est l'une des choses qui nous unit tous, en tant qu'êtres humains. Nous y sommes tous sensibles, nous partageons tous des douleurs similaires et nous les affrontons différemment ».


Depuis ses débuts, l'organisation a grandi. Aujourd'hui, pour la huitième édition, c'est le collectif Tas d'Os, composé de cinq artistes, qui s'occupe de l'organisation des activités, maintenant étalées sur toute une semaine. Avec en point d'orgue la procession qui a tout de suite séduit le public bruxellois. « La première année, on avait prévenu la police qu'il y aurait une procession de 300 personnes maximum. Et finalement on a pu réunir 2000 personnes, personne ne s'y attendait ». Aujourd'hui ce sont plus de 12.000 personnes qui assistent à ce grand évènement, qui ne correspond pas aux codes classqiues de la parade. « Nous voulons que ce soit une procession, pour que tout le monde puisse être inclus et impliqué, pas seulement des simples spectateurs. L'idée est que nous puissions marcher tous ensemble».


Dans la nuit bruxelloise, cette procession (qui aura lieu cette année le samedi 1er novembre) voit défiler des squelettes, des cerfs lumineux ou encore Quetzalcóatl, ancienne divinité au Mexique, qui prend la forme d'un serpent à plumes.


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Une fête enracinée dans l’ADN des Marolles


L'âme des Marolles s'exprime également à travers le festival. Quartier de luttes sociales, de revendications et d'identité brusseleir, les Marolles ont immédiatement adopté la célébration. Le festival s'inscrit même dans son contrat de quartier. « Dès 2018, nous avons collaboré avec les écoles, les maisons de repos et les associations locales », raconte Isra.


Un autel aux morts est installé chaque année, ouvert à toutes et tous. En 2020, la pandémie pousse les organisateurs à le placer pour la première fois en extérieur. Les magasins d'antiquités, légion dans le quartier, décident de collaborer et Isra utilise ces tables, ces armoires de récup pour monter un autel monumental. En pleine pandémie, celui-ci prend alors une dimension supplémentaire: « C'est là que nous avons réussi à placer l'autel au centre de l'événement. En 2020, plus que jamais, l'autel était très pertinent, une année étroitement liée à la mort pour de nombreuses familles. Nous ouvrions la nuit pendant près de deux mois. En tout, plus de 4 000 messages ont été recueillis.»


Depuis lors, la tradition d'un autel dans la cour du centre culturel Brughel perdure. Tout le monde peut venir y déposer un message. La complicité rapidement se crée autour d'un sujet aussi intime et universel. Isra se rappelle: « Nous avions mis une photo du peintre mexicain Francisco Toledo, décédé cette année-là. Un habitant venait chaque soir lui rendre hommage. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m’a dit : “Il a le même regard que mon grand-père, qui m’a élevé.» Le festival permet ses moments de connexion et de communion entre les gens. Pour cette édition, c'est un gigantesque arbre, “el árbol de la vida y la muerte”, qui prendra place dans la cour à partir du 27 octobre.


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Une huitième édition haute en couleurs


Musicien professionel, Isra accorde une place essentielle à la musique traditionnelle mexicaine dans la programmation. Le 31 octobre, le festival mettra à l’honneur le fandango, une sorte de jam session communautaire du Son Jarocho. «Imagine : des musiciens réunis autour d’une estrade en bois, sur laquelle on danse le zapateado, on improvise, on chante. C’est une fête collective et vivante. »


Le mercredi 29, jouera le groupe "La Flota y el Son" venu tout droit de Veracruz, le berceau du "Son Jarocho". La famille Vega de Boca de San Miguel, Tlacotalpan, Veracruz, y est depuis cinq générations l'une des gardiennes les plus importantes de la tradition de ce style musical. Le jeudi 30, c'est au cimetière de Saint-Gilles qu'Isra nous donne rendez-vous: «C'est la troisième promenade que nous organisons dans le cimetière, une promenade musicale et poétique avec des musiciens venus de tous horizons qui chantent des chansons en hommage aux morts, dans différentes langues. C'est un événement très beau, il y a beaucoup de bougies allumées, tout est acoustique. C'est comme un rituel, très spirituel, sans être religieux.» Enfin, le samedi, la traditionnelle procession viendra clôturer la semaine sur la place du Jeu de Balle, réunissant des milliers de personnes dans une ambiance festive et lumineuse.


Infos pratiques

🗓️ Du 27 octobre au 1er novembre 2025

📍 Centre culturel Bruegel, Marolles, Bruxelles

🌐 Programme complet : www.diademuertos.be/programme

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©2022 par Hogar.

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